En France, le président est emprisonné… au Maroc, le pouvoir est sacré
La récente condamnation de l’ancien président français Nicolas Sarkozy à cinq ans de prison pour des affaires de corruption financière a marqué un tournant historique dans la perception de la justice et de la démocratie. Cette décision illustre un principe fondamental : dans une véritable démocratie, la loi est la même pour tous. Qu’il s’agisse d’un chef d’État, d’un milliardaire ou d’un citoyen ordinaire, personne n’est au-dessus de la justice. L’égalité devant la loi n’est pas un concept théorique ; elle est tangible, comme la mort qui frappe chaque être humain sans distinction.
Cette réalité démocratique contraste de manière frappante avec les systèmes politiques où le pouvoir est sacralisé et certains individus jouissent d’une immunité quasi totale. Au Maroc, par exemple, des personnalités comme Fouad Ali El Himma, conseiller influent du roi, ou Abdelatif Hammouchi, responsable de la sécurité nationale, sont considérées comme des “lignes rouges”. Toute critique à leur égard, même depuis l’étranger, peut entraîner des poursuites judiciaires. À l’intérieur du pays, les voix critiques disparaissent souvent derrière les barreaux. Même la critique de la monarchie ou de son budget colossal, qui a connu des augmentations massives alors que des millions de citoyens vivent dans la pauvreté et souffrent de services publics défaillants, reste strictement interdite.
Le contraste avec la France est saisissant. Là-bas, un ancien président peut être jugé et emprisonné, indépendamment de son pouvoir passé ou de son statut social. La justice n’y connaît ni faveur ni impunité. Au Maroc et dans d’autres régimes autoritaires, en revanche, la loi s’applique de manière sélective. Elle protège le pouvoir et sanctionne le citoyen ordinaire, révélant une fracture profonde entre les principes affichés de justice et la réalité quotidienne des populations.
Cette fracture se reflète également dans la gestion des ressources publiques. Les budgets colossaux des palais royaux, les privilèges accordés aux cercles proches du pouvoir, et le manque de transparence dans l’attribution des marchés publics illustrent un système où le favoritisme et la corruption sont institutionnalisés. Pendant ce temps, la population subit les conséquences : hôpitaux sous-équipés, écoles insuffisantes, et un accès limité à la justice pour ceux qui n’ont pas de connections ou de moyens financiers.
Les manifestations réclamant une amélioration des services publics, une justice équitable et une fin à la corruption ne sont pas de simples actes symboliques. Elles traduisent une aspiration profonde à ce que les principes fondamentaux de l’État de droit soient enfin respectés. Tant que la loi ne s’applique pas à tous, la démocratie reste un idéal théorique et la justice un privilège.
Le cas français montre qu’il est possible d’établir une véritable égalité devant la loi. L’exemple de Sarkozy démontre que même les plus puissants peuvent être tenus responsables de leurs actes. Les régimes qui sacralisent leurs dirigeants et protègent certains individus au détriment du peuple retardent non seulement le développement social et économique, mais fragilisent également la légitimité de leurs institutions.
En conclusion, l’égalité devant la loi n’est pas un luxe, mais une nécessité absolue pour toute société aspirant à la justice et à la prospérité. Les citoyens doivent pouvoir compter sur un système judiciaire impartial, capable de sanctionner la corruption et de garantir la transparence, indépendamment du rang ou de la richesse. Tant que cette égalité n’existe pas, les systèmes autoritaires continueront de protéger les puissants et de laisser la population dans une situation d’injustice et d’impuissance. La démocratie réelle repose sur la responsabilité et la reddition de comptes, et l’exemple français doit servir de modèle pour tous ceux qui aspirent à voir la loi s’appliquer équitablement à tous.
Dr/amal bousaada akami
